Tu cherches quoi ?

mercredi 3 décembre 2014

Le FMI : ma grande passion

Le premier jour du mois de novembre est le jour férié le plus glamour et jovial de l’année. Le service marketing  de la religion catholique pensait même avoir eu une idée divine en planifiant cette célébration à une période de l’année logiquement pluvieuse et grise. 
Ambiance, ambiance.

Mais le ciel n'était pas avec les morts ce weekend, il n’avait pas prévu que 2014 ans après la naissance du môme du patron, tu pourrais te balader en tong et en marcel pour voir papi et mami dans leur nouveau lotissement. Mais bien plus encore, Dieu n’avait pas anticipé qu’il y aurait eu la 3ème édition du Festival de la musique à l’image. De quoi faire déplacer Lourdes à Paris le temps d'un weekend. Bon, pour mettre un peu d'eau dans mon calice, la musique de film n'attire pas autant de monde qu'un discours sur la place Saint Pierre, c'est vrai. Mais assister à des masterclass de Zimmer, Gregson-Williams ou Giacchino en petit comité, c'est plutôt appréciable. 

Si tu n'es pas particulièrement attentif à la musique dans les films, tu connais au moins un des 3 noms cités plus haut. Mais puisque on parle de musique à l’image, c’est peut être mieux que je te les présente en vidéo. Commençons par la star internationale de la BOF, Hans Zimmer. Il clôturait la série de masterclass de la première édition du festival où participaient également Bource (The Artist) et Beltrami (Scream). Zimmer c’est donc la machine de guerre de la musique de film. Son statut fait de lui un compositeur soit adulé, soit détesté. Si effectivement il n’a pas fait que des chefs d’œuvres (mais sors moi donc un compositeur qui a une carrière sans fausse note) sur les 3 ou 4 BOF qu’il sort par an depuis les années 80, le monsieur sait mettre en avant la musique de film. Certaines critiques sur le bonhomme pourront aussi dire qu’il a pompé aisément sur certaines œuvres de ses collègues ou encore qu’il ne se renouvelle pas assez, mais là encore, on retrouve le même schéma dès qu’un compositeur commence à avoir du succès (une règle applicable à la musique dans son intégralité d’ailleurs). Quoiqu’il en soit, c’est avec Zimmer que j’ai commencé à apprécier la musique de film. 
Vous avez dit trop de projecteurs ?

Sa masterclass a permis de parcourir en diagonale sa déjà très longue carrière. Animé par le compétent Stéphane Lerouge, les auditeurs ont pu (re)découvrir Rainman, the Lion King, Black Rain et Backdraft ainsi que des anecdotes accompagnant les compositions de ces musiques. Voici un petit cadeau vidéo (cadrée à la perfection par l'auteur de ces lignes) de la conclusion de cette séance pour te récompenser d'avoir lu jusque là :

Au menu de la deuxième édition en 2013, il y avait du Bruno Coulais (sauce Microcosmos), Jean Pierre Jeunet (point de vue d’un réalisateur sur la musique d’un film, pourquoi pas) et Harry Gregson Williams en dessert. Je ne peux vous parler que de ce dernier puisque on ne peut assister qu’à une masterclass par édition. Mon choix était donc vite fait puisque j’apprécie beaucoup le boulot de ce compositeur. Et quelle surprise en entrant et en voyant l'installation de la scène.
Reconstitution de la chambre d'HGW
En effet, Lerouge nous annoncera en début de séance que le compositeur britannique va nous présenter seul et pendant 1h30 un résumé de sa carrière à l'aide de ses outils avec lesquels il a l'habitude de faire joujou. C'est de loin la masterclass sur le plan technique la plus intéressante à laquelle j'ai pu assister. L'assistance a le droit à une démonstration très pratique (merci Cubase) de ses compositions les plus connues comme Man on Fire ou Shrek. Il nous parlera évidemment de ses collaborations avec Tony et Ridley Scott (commande à la dernière minute d'un des thèmes principaux de Prometheus) tout en nous expliquant avec humour son travail de composition très spécifique à chaque film. Deuxième petit cadeau vidéo avec un extrait de cette superbe masterclass :

Cette deuxième édition s'est clôturée au Grand Rex (animé par le boute-en-train Michel Denisot, incapable de comprendre un mot d'anglais)  avec un concert rendant hommage aux participants des masterclass d'une part, et d'un hommage à John Williams d'autre part. Soit du lourd en perspective. D'autant plus que là encore, HGW a assuré lui même la conduite de l'orchestre sur ses compositions. Des pépites sonores pour tes oreilles. Je te laisse t'amuser à reconnaître/lire le titre des films des musiques qui auront été joué ce soir là.

Enfin, cette année nous avions le droit à la même (bonne) organisation du FMI. Masterclass le samedi après-midi à la Gaîté Lyrique et concert le lendemain au Grand Rex. Pour cette édition, t’avais le choix entre Jean-Michel Bernard (la Science des Rêves), Fernando Velazquez (The Impossible), Michael Giacchino et… Archive. Et oui, le dernier album du groupe britannique est la musique du film Axiom, un court métrage à donner une érection au plus asexué des anonymous. Mais assister à une masterclass de Michael Giacchino, un des compositeurs hollywoodiens les plus prolifiques de ces dernières années était la priorité. Comme ses deux autres compères des deux éditions précédentes, il compose également pour l’industrie du jeu vidéo. A la différence qu'il s'est fait connaitre grâce à cette industrie et non l'inverse comme le font aujourd'hui Zimmer et HGW, qui sont sollicités pour participer à la création de bandes originales de gros hits sur console suite à leurs succès sur grand écran.

Aujourd'hui, Giacchino c'est les films de JJ Abrams, des Pixars et certains derniers blockbusters tels que Star Trek et la Planète des Singes. Cette masterclass s'est présentée sous une autre configuration encore que les deux précédentes (oui c'est possible) puisque Michael Giacchino n'était... tout simplement pas présent physiquement à Paris. Mais la déception de faire un chatroulette avec le compositeur américain pendant plus d'une heure est vite oubliée tant le personnage est sympathique. Si bien qu'en sortant de la salle, t'as l'impression de t'être fait un nouveau pote. Le tracé en diagonale de sa carrière à travers les questions de Lerouge se fera dans la bonne humeur et c'est toujours intéressant d'avoir le point de vue d'un compositeur sur la création d'un film. Un aspect bien souvent sous-évalué malheureusement. A noté le message audio sympathique de Lalo Schifrin pour Michael (ouais je t'ai dit on est copain maintenant) qui honore d'autant plus son talent et son potentiel (ils ont collaboré ensemble sur le score de Mission Impossible 3 et 4). La séance se terminera avec une très belle interprétation au piano par Jean-Michel Bernard de la musique de Giacchino.

La conclusion du festoch' s'est terminée en ascenseur émotionnel au Grand Rex avec le Paris Symphonic Orchestra. Les musiciens sont dirigés par le plus latine lover des chefs d'Orchestre : Diego Navarro. Jambes écartées, mouvement de bassin, il ferait un carton aux soirées salsa des bords de Seine. 

La première partie était consacrée à Jean-Michel Bernard que je ne connaissais pas vraiment avant le festival. S'il est un excellent musicien de jazz au piano (vous avez un aperçu dans la vidéo précédente), ses compositions me font autant d'effet que les musiques de Patrick Sébastien diffusées par un dj bourrée lors d'une soirée dans une salle communale. Pour sa défense, je ne suis pas vraiment fan de Gondry (dont il est le compositeur attitré) et les autres films sont plus proches de la médiocrité que du génie. Dans tous les cas, son style n'est pas ma came.
En deuxième partie, c'était au tour de Fernando Velázquez de s'y coller. Comme l'avait fait HGW l'année dernière, il va lui même diriger le Paris Symphonic Orchestra. Je n'avais qu'un aperçu de son travail, notamment via ses compositions efficaces sur les films The Impossible et Mama. Mais à l'inverse de JMB, je me prends un uppercut émotionnel en pleine gueule. Quand les premières notes de la bande originale de Lope se diffusent dans la salle du Grand Rex, t'as l'impression de te retrouver dans la peau d'une bonne sœur à qui on annonce que les carottes ne seront pas rappées aujourd'hui. C'est la Révélation ! Fernando Velázquez a un talent immense et je comprends aujourd'hui pourquoi il est un compositeur très demandé. En live, c'est magique et c'est probablement le moment "scoresque" le plus fort auquel j'ai pu assister. A écouter tous les jours du reste de ta vie si tu veux aller au paradis.


Après cette somptueuse découverte, Diego Navarro reprend sa place et va donner toute son énergie et sa passion en dirigeant l'orchestre parisien sur plus d'une heure de musique de Giacchino. Là encore, c'est prodigieux. Comme j'en parlais plus haut, Giacchino a débuté dans le jeu vidéo. On a donc le droit en ouverture à une interprétation de la musique de Medal of Honor, jeu précurseur en de nombreux points, notamment avec sa bande originale.


Ce sera ensuite un Greatest Hits de Giacchino auquel nous auront le plaisir d'assister, un vrai régal. Rien n'est oublié en ce qui me concerne.

Enfin, Archive clôturait ce concert avec l'interprétation de leur dernier album Axiom que je trouve très réussi. Par contre en live, grosse déception. Je ne sais pas si c'est le fait de passer d'une musique symphonique à quelque chose de plus électronique, mais c'était ni plus ni moins un calvaire pour mes oreilles. Volume sonore trop élevé, trop de basse, j'ai franchement dû mal à entendre et reconnaître les morceaux de l'album. Le groupe poursuivra avec d'autres morceaux mais je n'ai pas continué l'expérience. Ascenseur émotionnel pour le pire donc... Mais aussi et surtout pour le meilleur.



mercredi 15 octobre 2014

C'était comment Clint Mansell au Trianon ?

Si je te dis Clint Mansell ça te parle ? Et Darren Aronofsky ? Toujours pas ? Si ces noms sont pour toi inconnus dans les bas-fonds de tes hémisphères cérébraux, il me semble alors que tu as loupé quelques grands moments de cinéma de ces dernières années. Sauf si bien sûr pour toi la représentation de la sphère du cinéma se limite à Besson pour la France et pour le reste… Bah c’est l’affaire des ricains. Si maintenant je te dis Requiem For a Dream (qui vient du pays de l’Oncle Sam d’ailleurs) ? C’est mieux non ? Et même dans le cas où tu ne l’aurais pas vu, tu as déjà entendu le thème musical principal du film qui a été utilisé une fois sur deux dans les différentes bandes annonces, reportages etc. depuis 10 ans. C’est le thème incontournable que tous les fans de Windows Movie Maker utilisent dans leurs clips dégueulasses pour partager leur passion pour un film sur Youtube ou Dailymotion. Impossible que tu sois passé à travers.



Ce célébré thème a été composé par Clint Mansell, compositeur attitré de Darren Aronofsky (tu comprends maintenant mieux mon interrogatoire du début ?). Ça marche souvent comme cela au ciné, ce qui nous donne des duos prolifiques comme Spielberg/Williams, Hitchcock/Herrmann, Zemeckis/Silvestri etc. (même avec Besson ça marche, Serra-tu le trouver ?)



Si tu continues à me lire, tu vas rapidement te rendre compte que je suis un fan de musique de film. Alors évidemment, s’il y a un compositeur comme Clint Mansell qui fait un concert en France, il y a de forte chance que je fasse partie du public. Et c’était justement le cas la semaine dernière. J’avais déjà assisté à plusieurs concerts de musique de film mais jamais dans le type d’orchestration que propose Clint Mansell. Car le compositeur britannique a l’habitude de collaborer avec le Kronos Quartet. Ajouter à cela un guitariste, un bassiste, un batteur et le clavier électronique du compositeur anglais, on obtient quelque chose de plus minimaliste qu’un orchestre philharmonique mais néanmoins efficace. 



Le concert avait lieu au Trianon, théâtre parisien au décor baroque et à l’ambiance plus propice à accueillir des petits opéras plutôt que du Kaaris. T’as même un bar à l’étage qui te permet de te branler la nouille avant de retrouver ton fauteuil que t’indiquera une placeuse aussi ancienne que la déco du lieu. Une carte postale, qui me fait office de marque page depuis une semaine, est placée sur chaque fauteuil indiquant qu’il est interdit de filmer ou de prendre des photos du concert. J’ai respecté cette consigne (je suis bien éduqué hein ?) et tu ne verras donc ici aucune image captée lors de cet événement par ma personne. L’entrée en scène du maestro se fait sous les applaudissements habituels d’une salle au ¾ pleine. Malgré le succès de ses compositions et sa relative célébrité dans le monde de la musique, Clint Mansell semble être un mec super humble et presque… Timide. La setlist est sans surprise et revisite ses grands classiques (Moon, Requiem for a Dream, The Fountain). 




On a le droit en guise d’ouverture à Pi, le score le plus électronique du compositeur. 



Il nous expliquera également ses mésaventures avec la pression du studio sur le film à gros budget Noé. On sent d’ailleurs que ce score n’est pas le préféré de son auteur. Ça tombe bien, moi aussi. La prestation est bouclée en une heure et 15 minutes, un peu court selon moi. Honnêtement, ce n’est pas le meilleur concert auquel j’ai assisté. Mais Clint Mansell n’est pas non plus pour moi le premier compositeur que je te conseillerai d’écouter si tu veux découvrir le must absolu de la musique de film. Du moins sur l’ensemble de sa carrière. Par contre, son score sur The Fountain est sublime et justifie à lui seul que je me déplace pour assister à l’interprétation de ses compositions en live. Il a d’ailleurs avoué que c’était sa composition la plus réussie et aboutie. Là encore, on est d’accord. Ce qui me laisse à penser qu’il pourra encore nous sortir des petites pépites dans les années à venir, à l’image de celle-ci :



jeudi 4 septembre 2014

La loi de Therion

Aujourd'hui, c'est détente ! Je vais te parler musique. Si tu as une bouteille de champagne au frais, c’est le moment d’aller la chercher car en plus d’être le premier article dédié à ce thème, tu vas pouvoir écouter de la MUSIQUE. Avant toute chose, je préfère te prévenir, je doute que les morceaux que je partagerai feront l’objet d’une reprise merdique chantée par Bruel et sa clique une fois par an lors d’un pogrom télévisuel pour nos yeux et nos oreilles (et c’est tant mieux).

Evidemment, tout cela est subjectif, mais je n’apprécie pas vraiment le supplice sonore qu’offre la majorité des radios. Pour autant, je fais aussi partie de cette catégorie de personnes qui te répondent qu’ils écoutent de tout (la banalité de cette réponse m’a toujours exaspérée). Non, en pratique, on n’écoute pas de tout. Si je te mets le best of de Mireille Mathieu en boucle dans la voiture pendant le trajet Lille-Marseille, pas sûr que t’apprécies. J’ai donc clairement des affinités plus prononcées pour tel ou tel genre.

Tu es prêt ? Tu as branché ton casque à 200 balles pour écouter du mp3 sur Youtube ? Alors c’est parti ! Voici Therion, un groupe suédois, qui à l’origine faisait du death metal (tu sais la musique où le chanteur pousse la chansonnette façon ça). Mais ils vont opérer un changement radical à la sortie de leur album Theli en 1996. En effet, le leader du groupe en la personne de Christofer Johnsson est passionné de musique classique. Donc death + musique classique = métal symphonique. Le terme symphonique d'ailleurs n’est pas toujours synonyme d’immense orchestre accompagnant les guitares saturées, et c’est précisément le cas dans cet album puisque les « ambiances symphoniques » sont reconstituées avec des claviers. L’ensemble pourra donc paraître un peu « cheap » pour certains, mais c’est incontestablement pour moi l’un des meilleurs albums du genre. La preuve en musique avec cette superbe ballade de 10 minutes :

Le groupe sortira 2 ans plus tard un autre album majeur dans le genre : Vovin. Ce petit bijou confirmera définitivement Therion comme l’un des groupes indispensables à avoir dans sa discothèque. Vovin se démarque de son prédécesseur par l’utilisation d’un véritable orchestre pour interpréter les parties symphoniques. Si je suis plus réservé sur la suite de la carrière du groupe, ces deux albums à eux seuls font de Therion l’un des meilleurs groupes des années 90.


lundi 1 septembre 2014

Go Vigane !

Nouvelle génération de hippies ? Prénom star des maternités en 2014 ? Stratégie d'invasion des ricains dans la langue de Molière ? Le mot "vegan" (tu le prononces comme tu veux, mais au pays de l'Oncle Sam, on le dit à la manière dont il est orthographié dans le titre) apparaît peu à peu dans les médias français. Avant toute chose et pour préciser quelle orientation va avoir la suite de cet article, je suis moi-même... VEGAN.


Si tu es passé à côté d'une connaissance qui a décidé de près ou de loin d'adopter ce type de consommation ou si tu n'as jamais lu, vu ou entendu un sujet évoqué ce terme, sache que si tu décides d'acquérir l'édition 2015 du Larousse, tu pourras y trouver sa définition.


Je n'ai pas de date précise mais cela fait maintenant plus de deux ans que j'ai décidé de ne plus consommer de produits animaux. Ce changement est souvent évoqué à table car c’est à ce moment précis que t’en consomme le plus, lorsque tu bouffes ! La plupart du temps, les mêmes remarques, reproches ou parfois compliments (mais ça c’est plus rare) reviennent. Je voudrais aujourd’hui me focaliser sur les nombreuses personnes qui me disent que c’est bien et qui me sortent le fameux « Non mais tu sais moi de toute façon je mange moins de viande qu’avant. ».


Certaines seront sincères et auront une véritable démarche pour réduire la part de viande dans leur alimentation (le comportement est à saluer et pas mal de vegans devraient se souvenir qu'ils n’ont pas changé leur habitude d’un claquement de doigt, mais ça c'est un autre débat). D’autres personnes en revanche se mentent à elles-mêmes et préfèrent occulter le problème en se persuadant du contraire. Il n’y a dans cela rien d’anormal finalement. On est sur le même mécanisme de défense que la personne qui utilisera l’humour, la négation ou l’insulte. Mais pourquoi ne pas croire ces personnes en particulier ? J’en veux pour preuve ma propre expérience. En effet, comme beaucoup aujourd’hui, j’avais connaissance de l’horreur des élevages intensifs, de l’atrocité des abattoirs et du gaspillage de la pêche en eau profonde. Et comme beaucoup encore, je me déculpabilisais en disant que je mangeais quand même beaucoup moins de viande. En réalité, je mangeais surtout moins de viande rouge. Jusqu’à preuve du contraire, les lardons que j’utilisais pour faire des pâtes à la carbonara pour remplacer la bolognaise étaient de la viande. La viande hachée que je substituais par du saumon pour faire du hachis parmentier, c’était de la viande. Le fait de prendre plus de crudités le midi n’empêchait pas le poulet de se retrouver dans un plat avec des frites. Je préférais au McDeluxe de chez McDo son équivalent poisson connu sous le nom innovateur de McFish (ils sont balèzes au marketing). Mais finalement, c’était toujours de la viande. Les exemples sont multiples mais illustrent surtout le fait que je n’avais finalement pas changé la manière de me nourir. Pourtant, je pensais sincèrement à cette époque que j’en consommais moins. Et pour cause, dans l’imaginaire collectif, la viande ça reste ça. La viande c’est rouge, c’est du du muscle et surtout du sang. Le symbolisme de cette couleur est universel : la violence. Cette représentation n’est pas anodine dans le cas présent. Une grande partie de la population a vu au moins une fois la mise à mort d’un animal. Cette couleur rappelle inconsciemment la violence de cet abattage. Il n’y a pas de façon propre ou non cruel de tuer. Quand tu égorges une vache, il y a du sang, beaucoup de sang. Et même si l’homme à ce formidable mécanisme de défense psychologique à « oublier » une expérience traumatisante (refoulement, résilience, appelle ça comme tu veux), manger un morceau de viande rouge lui rappellera inconsciemment cet abattage. Mais si tu manges un poisson pané, la projection n’est plus la même, c’est blanc, c’est pur, tout va bien !



Donc quand tu regardes ton poisson pané, il est plus difficile d’y projeter de la souffrance. Pourtant, lorsque tu égorges un poisson, un cochon ou tout autre animal, il y a autant de sang. Statistiquement, il est vrai que la consommation de viande a diminué.
Les nouvelles données de l’enquête « Comportements et Consommations Alimentaires en France » (CCAF) 2010

Maintenant cette diminution concerne uniquement la viande vendue en boucherie. Si l’on décide d’ouvrir notre angle de vision, on voit clairement que la consommation globale de viande n’a pas vraiment chuté.


La consommation alimentaire depuis quarante ans (INSEE) 2002
Qu’il finisse sur les étalages d’une boucherie ou dans une escalope d’un plat tout préparé d’un quelconque supermarché, pas certain que ça change quelque chose pour le veau. Mais ça soulage peut être un peu plus le porte-monnaie du consommateur (à court terme), ainsi que sa conscience. Et les gars au marketing l'ont bien compris.


vendredi 4 juillet 2014

Flipper au pays des vikings

Si je demande à des personnes choisies au hasard dans la rue ce qu'elles pensent des dauphins, il est peu probable que la majorité d'entre elles me sortent quelque chose comme : "Je les déteste, je m'en ferai bien des brochettes à mon barbeuc de samedi prochain."



C'est un fait, 99% de la population française adorent les dauphins. Ils les aiment tellement qu'ils ne savent même plus très bien pourquoi, du moins les nouvelles générations. Mais c'est comme ça : Les dauphins, tu les aimes ou tu fermes ta gueule ! Tu peux être sûr que ton prochain contact Facebook qui ira passer une de ses 5 semaines de congés payés dans un hôtel bétonné au milieu des cocotiers, mettra une photo de profil avec un dauphin, activité qu'on lui aura proposé entre un verre de mojito et un massage de Biafine. La personne aura réalisé son rêve d'enfant, et montré par la même occasion qu'elle est en harmonie avec la nature et ami des animaux.

C'est ici ce que j’appellerai le paradoxe du delphinarium. J'aime le dauphin donc je vais aller payer le marchand d'esclave nouvelle génération qui le détient simplement pour le toucher et montrer ma tronche sur Internet. On apprend beaucoup de choses à l'école mais on devrait surtout apprendre à réfléchir. Exemple simple : si t'as un pote qui fait un Ironman, tu te doutes forcément que ce n'est pas la bonne personne à choisir pour aller courir avec toi pour ton petit footing du dimanche matin. Il y a des chances qu'il se fasse chier et qu'il te tienne responsable par la même occasion s'il ne termine pas sa course de warrior lors de sa prochaine compet. 


Donc si ton ami à toi c'est le dauphin, tu sais que le spécimen est capable de parcourir jusqu'à 150 km par jour. Aussi grande que la piscine du Théâtre de Poséidon au Parc Astérix puissent te paraître, c'est une petite baignoire pour ton ami dans laquelle il restera toute sa vie, obligé à faire le clown pour te divertir.

Mais cette histoire de parc aquatique pour animaux, j'y reviendrai dans un prochain article (oui il y a beaucoup à dire, et pas uniquement au sujet de ton cétacé préféré). Revenons à nos moutons, au plutôt à nos dauphins. L'image de ce mammifère marin jouit d'un capital de sympathie important auprès de beaucoup de gens. Je me dis alors que c'est l'animal le plus chanceux sur terre puisque intouchable par l'homme dans son milieu naturel ? Et bien non, au japon il se fait massacrer par dizaines de milliers chaque année ! Seuls quelques "chanceux" sont capturés pour être revendu à nos chers parcs aquatiques justement.

Bon, on sait très bien que les japs ont fumé un peu trop de plutonium en 45, ils pensent combattre des monstres marins, on ne peut pas leur en vouloir... Donc toi, citoyen de cette grande et puissante Europe, tu peux avoir la conscience tranquille (le Japon c'est trop loin, on ne peut rien y faire ===> FAUX). 
Mais essayons de regarder un peu plus près de chez nous. Au hasard, vers les Îles Féroé. Voici ce qui se passe là bas en images :


N'est-ce pas mignon ?

Ces massacres portent le nom de "Grindadráp" ou encore "Grind". Cette sympathique pêche se pratique en famille depuis des siècles dans les pays scandinaves. Très attachés à leur tradition, certains féringiens (les habitants de la Féringe donc... Si tu ne suis plus c'est normal) sont les derniers des peuples du Nord à pratiquer cette activité. En moyenne, ce sont des centaines de dauphins et baleines qui sont massacrés dans cet archipel chaque année. Contrairement à la corrida, qui est un spectacle violent et purement gratuit (j'aurai le temps de revenir sur cette autre "tradition"), à l'origine cette pêche était ce que l'on pourrait appeler une nécessité pour ces habitants isolés du monde (il n'y pas que des avantages, t'as cru quoi jeune hippie). Et oui, aux Îles Féroé, ça caille ! Seulement aujourd'hui, les données ont changé. Le temps des quelques courageux vikings bravant l'Atlantique Nord sur leurs barques pour traquer les mammifères marins est révolu. Aujourd'hui la chasse se fait à l'Iphone, en hélicoptère, en jet ski et autres équipements motorisés pour localiser les proies. C'est moins glamour tout de suite.

Cet abattoir à ciel ouvert n'a donc plus lieu d'être, surtout lorsque l'on sait qu'une partie des cadavres finissent au fond de la mer. Le côté sadique et meurtrier refoulé est aussi à souligner dans cette partie de pêche entre copains, comme le dit très clairement l'écrivain féringien Joan Paul Joensen : "Que ce soit un sport ou pas, dans le sens où on l'entend habituellement, il ne fait pas l'ombre d'un doute que le Grind est une vraie source d'excitation et une occasion pour se réunir dans une existence autrement monotone." Enfin, entre le début de cette pratique de pêche et aujourd'hui, il y a eu quelques bouleversements dans l'environnement (merci qui ?). Les mers et les océans sont polluées et ça ne fait qu'empirer de jour en jour (mais on s'en fout, on vit sur la terre ferme nous les humains). 12 700 kilos de polluants sont déversés chaque seconde. Je ne vais pas vous refaire votre cours de biologie de 4ème que vous suiviez avec assiduité, vous savez donc que plus un poisson est gros, plus il a de chance d'être en haut de la chaîne alimentaire. Si l'on revient à nos dauphins et que tu ne comprends toujours pas où je veux en venir, regarde ci-dessous :

Les dauphins font partie des animaux aquatiques les plus toxiques. Les autorités féroïennes elles-mêmes délivrent des recommandations pour limiter la consommation de chair de dauphins et autres baleines pilotes. On touche le fond avec ce dernier aspect du problème (tu apprécieras comme bon te semble ce petit jeu de mot en de telles circonstances).

Ainsi si (l'impératrice) je résume, des mecs se font chier sur leur île, ils décident de se cacher derrière une pratique traditionnelle en utilisant des moyens modernes pour atténuer leur frustration de ne plus porter de casque à cornes et pour montrer à madame que l'on est un vrai bonhomme tout en nourrissant la famille d'une bonne chaire pleine de métaux lourds. C'est un tableau plutôt sympa non ?

"Viens par là femme, j'ai pécho plein de gros poissons aujourd'hui !"



Pour revenir à ces mammifères qui se font massacrer et plus particulièrement aux globicéphales (c'est eux qui prennent le plus cher), c'est une espèce protégée par la convention de Berne (bonjour l'Union Européenne). Donc en plus d'être une pêche moralement condamnable, c'est une pratique qui est surtout illégale ! Techniquement parlant, cet archipel ne fait pas partie de l'UE. Il possède son propre gouvernement et c'est une province autonome du royaume du Danemark depuis 1948. Cependant, ses relations internationales sont gérées par le gouvernement danois et il reçoit d'importantes subventions de ce même pays chaque année. Une manière très diplomatique de dire "je te file ton indépendance sur le papier mais c'est toujours moi qui commande !". L'ONU ne reconnait pas non plus les Îles Féroé comme un pays indépendant. Ce qui nous donne le théorème suivant : (Îles Féroé contrôlés par le Danemark) + (Danemark membre de l'Union Européenne) = Îles Féroé dépendantes de l'UE.

L'association Sea Shepherd a déposé une plainte devant la commission européenne et a lancé dernièrement l'opération "Grind Stop" afin d'empêcher les massacres qui sont les plus sanglants durant cette période de l'année. Ces massacres se déroulent tout près de chez nous et sont inacceptables.  Balayons devant notre porte avant de critiquer les autres. Alors toi, si ton dauphin c'est ton ami pour la vie, tu peux aussi participer aux coups de balai en soutenant cette action !









jeudi 12 juin 2014

La Coupe du monde au Brésil, une fête qui vous veut du bien.

Graff réalisé par l'artiste Pleks


Sauf si tu habites comme un ermite, avec pour seule nourriture les détritus que tes longues dreadlocks auront agrippés sur leur passage, il te sera difficile de passer à côté des images de belles fesses moulées dans un slip brésilien (à ne surtout pas confondre avec le tanga), de samba, de plages, de brésiliens et de touristes heureux encourageant dans la joie et le respect de tous leur chère et tendre nation. La coupe du monde 2014 du sport le plus populaire de la planète débute aujourd'hui. Et cet événement ne pouvait pas trouver meilleur endroit que "o país do futbol", enfin à priori.

Sauf que... C'est la merde au Brésil ! Platoche a d'ailleurs les baloches  :


On passera le ton condescendant de cette girouette allant dans le sens de ses copains qui ont les poches pleines de billets de banque.

Le Brésil est en colère et il a raison. En plus de la coupe du monde 2014, Rio "accueillera" les jeux olympiques en 2016. Autant dire que tout cela coûte beaucoup d'argent pour mettre à niveau les infrastructures sportives, les transports etc. Plus précisément, rien que pour la coupe du monde, cela coûtera 14 milliards de dollars au Brésil ! Soit environ 3,5 fois plus que la dernière édition en Afrique du Sud. La Fifa pourra embellir et pondre tous les meilleurs rapports financiers du monde, les Sud-Africains ont 2,1 milliards de dollars estimés de pertes dans la tronche. Pas certain que le bilan soit meilleur pour les brésiliens...
La (mafia)Fifa et le gouvernement du pays le plus peuplé d'Amérique du Sud ne cesse de déclarer au monde que cet événement est une bénédiction pour les brésiliens. Le problème est qu'ils oublient de préciser lesquels (====> les riches). Car la majorité des brésiliens se fout royalement d'avoir des beaux stades. Ce qu'ils veulent avant tout, ce sont des écoles et des hôpitaux opérationnels. La pilule est difficile à avaler pour les habitants d'un pays partageant le titre de champion du monde des inégalités avec l'Afrique du Sud (tiens tiens...). Les mouvements sociaux ont débuté il y a déjà plus d'un an offrant des situations parfois déroutantes :
Crédits : Mídia Ninja

La date prochaine des élections présidentielles (en octobre 2014) ne va probablement pas ralentir la contestation. En attendant, la toute puissante Fifa (portée par ses influents partenaires commerciaux) a fait voter une loi temporaire par le gouvernement brésilien : la Lei geral da Copa. Gare à toi si tu décides de ternir l'image de la Fifa et de ses sponsors au Brésil durant les 4 prochaines semaines, c'est un crime fédéral ! A titre d'exemple, cette loi a permis le licenciement de 42 employés du métro de Sao Paulo. Open happiness and shut your fuckin' mouth!



Le peuple brésilien ce serait bien passé de cette coupe du monde et de ses sponsors mercantiles prêts à tout pour satisfaire leurs actionnaires. Si tout cela t'intéresse, tu peux toujours regarder ces deux vidéos qui sont un bon résumé de tout ce qui se passe depuis des mois au Brésil :


 

Il y a aussi cet excellent webdocumentaire "Copa Para Quem" pour en connaitre toujours un peu plus sur les dessous de cette coupe du monde (notamment sur la prostitution). Enfin si tu es vraiment motivé(e), tu as également ces articles qui creusent toujours plus le sujet en question :