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vendredi 4 juillet 2014

Flipper au pays des vikings

Si je demande à des personnes choisies au hasard dans la rue ce qu'elles pensent des dauphins, il est peu probable que la majorité d'entre elles me sortent quelque chose comme : "Je les déteste, je m'en ferai bien des brochettes à mon barbeuc de samedi prochain."



C'est un fait, 99% de la population française adorent les dauphins. Ils les aiment tellement qu'ils ne savent même plus très bien pourquoi, du moins les nouvelles générations. Mais c'est comme ça : Les dauphins, tu les aimes ou tu fermes ta gueule ! Tu peux être sûr que ton prochain contact Facebook qui ira passer une de ses 5 semaines de congés payés dans un hôtel bétonné au milieu des cocotiers, mettra une photo de profil avec un dauphin, activité qu'on lui aura proposé entre un verre de mojito et un massage de Biafine. La personne aura réalisé son rêve d'enfant, et montré par la même occasion qu'elle est en harmonie avec la nature et ami des animaux.

C'est ici ce que j’appellerai le paradoxe du delphinarium. J'aime le dauphin donc je vais aller payer le marchand d'esclave nouvelle génération qui le détient simplement pour le toucher et montrer ma tronche sur Internet. On apprend beaucoup de choses à l'école mais on devrait surtout apprendre à réfléchir. Exemple simple : si t'as un pote qui fait un Ironman, tu te doutes forcément que ce n'est pas la bonne personne à choisir pour aller courir avec toi pour ton petit footing du dimanche matin. Il y a des chances qu'il se fasse chier et qu'il te tienne responsable par la même occasion s'il ne termine pas sa course de warrior lors de sa prochaine compet. 


Donc si ton ami à toi c'est le dauphin, tu sais que le spécimen est capable de parcourir jusqu'à 150 km par jour. Aussi grande que la piscine du Théâtre de Poséidon au Parc Astérix puissent te paraître, c'est une petite baignoire pour ton ami dans laquelle il restera toute sa vie, obligé à faire le clown pour te divertir.

Mais cette histoire de parc aquatique pour animaux, j'y reviendrai dans un prochain article (oui il y a beaucoup à dire, et pas uniquement au sujet de ton cétacé préféré). Revenons à nos moutons, au plutôt à nos dauphins. L'image de ce mammifère marin jouit d'un capital de sympathie important auprès de beaucoup de gens. Je me dis alors que c'est l'animal le plus chanceux sur terre puisque intouchable par l'homme dans son milieu naturel ? Et bien non, au japon il se fait massacrer par dizaines de milliers chaque année ! Seuls quelques "chanceux" sont capturés pour être revendu à nos chers parcs aquatiques justement.

Bon, on sait très bien que les japs ont fumé un peu trop de plutonium en 45, ils pensent combattre des monstres marins, on ne peut pas leur en vouloir... Donc toi, citoyen de cette grande et puissante Europe, tu peux avoir la conscience tranquille (le Japon c'est trop loin, on ne peut rien y faire ===> FAUX). 
Mais essayons de regarder un peu plus près de chez nous. Au hasard, vers les Îles Féroé. Voici ce qui se passe là bas en images :


N'est-ce pas mignon ?

Ces massacres portent le nom de "Grindadráp" ou encore "Grind". Cette sympathique pêche se pratique en famille depuis des siècles dans les pays scandinaves. Très attachés à leur tradition, certains féringiens (les habitants de la Féringe donc... Si tu ne suis plus c'est normal) sont les derniers des peuples du Nord à pratiquer cette activité. En moyenne, ce sont des centaines de dauphins et baleines qui sont massacrés dans cet archipel chaque année. Contrairement à la corrida, qui est un spectacle violent et purement gratuit (j'aurai le temps de revenir sur cette autre "tradition"), à l'origine cette pêche était ce que l'on pourrait appeler une nécessité pour ces habitants isolés du monde (il n'y pas que des avantages, t'as cru quoi jeune hippie). Et oui, aux Îles Féroé, ça caille ! Seulement aujourd'hui, les données ont changé. Le temps des quelques courageux vikings bravant l'Atlantique Nord sur leurs barques pour traquer les mammifères marins est révolu. Aujourd'hui la chasse se fait à l'Iphone, en hélicoptère, en jet ski et autres équipements motorisés pour localiser les proies. C'est moins glamour tout de suite.

Cet abattoir à ciel ouvert n'a donc plus lieu d'être, surtout lorsque l'on sait qu'une partie des cadavres finissent au fond de la mer. Le côté sadique et meurtrier refoulé est aussi à souligner dans cette partie de pêche entre copains, comme le dit très clairement l'écrivain féringien Joan Paul Joensen : "Que ce soit un sport ou pas, dans le sens où on l'entend habituellement, il ne fait pas l'ombre d'un doute que le Grind est une vraie source d'excitation et une occasion pour se réunir dans une existence autrement monotone." Enfin, entre le début de cette pratique de pêche et aujourd'hui, il y a eu quelques bouleversements dans l'environnement (merci qui ?). Les mers et les océans sont polluées et ça ne fait qu'empirer de jour en jour (mais on s'en fout, on vit sur la terre ferme nous les humains). 12 700 kilos de polluants sont déversés chaque seconde. Je ne vais pas vous refaire votre cours de biologie de 4ème que vous suiviez avec assiduité, vous savez donc que plus un poisson est gros, plus il a de chance d'être en haut de la chaîne alimentaire. Si l'on revient à nos dauphins et que tu ne comprends toujours pas où je veux en venir, regarde ci-dessous :

Les dauphins font partie des animaux aquatiques les plus toxiques. Les autorités féroïennes elles-mêmes délivrent des recommandations pour limiter la consommation de chair de dauphins et autres baleines pilotes. On touche le fond avec ce dernier aspect du problème (tu apprécieras comme bon te semble ce petit jeu de mot en de telles circonstances).

Ainsi si (l'impératrice) je résume, des mecs se font chier sur leur île, ils décident de se cacher derrière une pratique traditionnelle en utilisant des moyens modernes pour atténuer leur frustration de ne plus porter de casque à cornes et pour montrer à madame que l'on est un vrai bonhomme tout en nourrissant la famille d'une bonne chaire pleine de métaux lourds. C'est un tableau plutôt sympa non ?

"Viens par là femme, j'ai pécho plein de gros poissons aujourd'hui !"



Pour revenir à ces mammifères qui se font massacrer et plus particulièrement aux globicéphales (c'est eux qui prennent le plus cher), c'est une espèce protégée par la convention de Berne (bonjour l'Union Européenne). Donc en plus d'être une pêche moralement condamnable, c'est une pratique qui est surtout illégale ! Techniquement parlant, cet archipel ne fait pas partie de l'UE. Il possède son propre gouvernement et c'est une province autonome du royaume du Danemark depuis 1948. Cependant, ses relations internationales sont gérées par le gouvernement danois et il reçoit d'importantes subventions de ce même pays chaque année. Une manière très diplomatique de dire "je te file ton indépendance sur le papier mais c'est toujours moi qui commande !". L'ONU ne reconnait pas non plus les Îles Féroé comme un pays indépendant. Ce qui nous donne le théorème suivant : (Îles Féroé contrôlés par le Danemark) + (Danemark membre de l'Union Européenne) = Îles Féroé dépendantes de l'UE.

L'association Sea Shepherd a déposé une plainte devant la commission européenne et a lancé dernièrement l'opération "Grind Stop" afin d'empêcher les massacres qui sont les plus sanglants durant cette période de l'année. Ces massacres se déroulent tout près de chez nous et sont inacceptables.  Balayons devant notre porte avant de critiquer les autres. Alors toi, si ton dauphin c'est ton ami pour la vie, tu peux aussi participer aux coups de balai en soutenant cette action !









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